Coupe du Monde 2006: Oscar Ewolo, prédicateur sur le terrain

Publié le par Pasteur Rémy Francis

Coupe du Monde 2006: Oscar Ewolo, prédicateur sur le terrain

Nom : EWOLO
Prénom : Oscar
Date de naissance : 10/09/1978
Lieu de naissance : Brazzaville
Nationalité : Congolais
Taille : 171
Poids : 63
Poste : Milieu

En pleine effervescence autour de la Coupe de Monde de foot, un livre «le Sauveur» vient de paraître sur le sujet. Si vous pensez «un de plus», vous avez raison, ce n’est pas le seul. Pourtant, c’est probablement le seul dans le milieu de l’édition chrétienne, ce qui n’enlève rien à sa qualité et son intérêt. Il s’agit d’un roman captivant, qui se lit comme on regarde un match de foot. Il propose une réflexion intéressante sur les dessous du foot, en mélangeant réalité et fiction. Ce récit passionnant relate l’ascension d’un jeune chrétien dans le milieu du foot professionnel, jusqu’en équipe de France et à la Coupe du Monde.

Il confronte aussi deux façons de vivre: une qui respecte des valeurs, des personnes, un Dieu, et l’autre qui sacrifie tout sur l’autel du foot. Ce livre est dédicacé par plusieurs footballeurs professionnels comme Florent Malouda (joueur de l’équipe de France et de l’OL), Jean-Marc Chanelet (ancien joueur de l’OL) et Oscar Ewolo (capitaine de l’équipe nationale du Congo et joueur de Lorient). La sortie de ce livre est l’occasion de faire connaissance avec Oscar Ewolo, et d’en savoir plus sur le milieu du foot professionnel, dans une perspective chrétienne.
  
Oscar Ewolo, pouvez-vous vous présenter à ceux qui ne vous connaîtraient pas? Quel est votre parcours et où jouez-vous aujourd’hui?
 
Je viens du Congo et je suis arrivé en France à 4 ans. J’ai commencé le foot à 10 ans dans mon quartier, dans une cité d’Amiens. J’étais passionné et j’avais toujours un ballon pour aller faire les courses, comme pour aller à l’école. J’ai commencé à jouer en club à 11 ans, parce qu’un ami m’avait inscrit. Un jour j’ai été repéré en jouant contre Amiens. J’ai commencé à 13 ans dans ce club. A 16 ans, j’ai joué mon premier match pro en amical et à 18 ans, j’ai été sélectionné pour mon premier match pro en D2. Aujourd’hui, je joue à Lorient en L2, et aussi en équipe nationale du Congo. J’ai participé à la coupe d’Afrique des nations en 2001 et à plusieurs éliminatoires de la coupe d’Afrique et de la coupe du monde. 
 
Le livre «le Sauveur», que vous avez dédicacé, raconte l’ascension d’un jeune chrétien dans le milieu du foot professionnel. L’univers décrit correspond-il à la réalité?
 
Oui, vraiment. Il décrit bien par exemple le côté versatile du public et des médias: quand on joue bien, tout le monde est avec vous, mais quand ça va mal, tout le monde vous abandonne. Le livre décrit bien aussi les coulisses en dehors des matchs, comme les soirées.
 
Ce roman vous fait-il parfois penser à votre propre parcours?
 
Oh oui! Surtout quand le héros vit des moments difficiles et qu’il décide de persévérer, grâce à ses ressources morales qu’il puise dans sa foi.
 
Comment vivez-vous votre foi dans ce monde si particulier du sport à haut niveau?
 
Comme n’importe quel chrétien vit sa foi dans son travail. Quand on est accroché au Seigneur, on vit sa foi à fond, quel que soit l’environnement. Je sais que je suis particulièrement exposé, car j’évolue dans un milieu difficile, mais je puise mes forces dans le Seigneur. Pour beaucoup de joueurs, c’est difficile d’être adulés pendant des années, et de ne plus être rien quand ils arrêtent. C’est différent pour un chrétien. L’évangile nous permet de garder les pieds sur terre. Quand j’arrêterai le foot, je serai toujours le même.
 
Comment êtes-vous perçu en tant que chrétien par les autres joueurs de l’équipe?
 
En équipe nationale, les autres joueurs m’appellent pasteur… J’ai toujours su que Dieu m’avait choisi pour annoncer sa parole, c’est mon appel. Autour de moi, tout le monde sait que je suis chrétien. Pendant les entraînements, je porte souvent des t-shirts avec un texte biblique. J’annonce constamment l’Evangile et je vis ma foi en faisant attention à mes actes, c’est souvent par eux que les autres nous jugent. J’organise des réunions chez moi avec des joueurs de mon équipe, et beaucoup se sont donnés au Seigneur par mon témoignage. En 6 mois, plusieurs se sont convertis. Maintenant, même avant les matchs, nous prions et je partage avec eux ce que Dieu me met à cœur. C’est pareil ici à Lorient, en équipe nationale ou quand j’étais à Amiens.
 
Avez-vous été amené, comme dans le roman, à prendre position en tant que chrétien et footballeur professionnel?
 
Oui, très souvent. Pour ma première sélection en équipe nationale, c’était juste avant un match contre le Maroc, le staff a sorti des grigris. C’est une pratique classique en Afrique. Moi j’étais là pour la toute première fois et j’étais le plus jeune. Mais j’ai dit: «non, je ne touche pas à ça! Si vous m’y obligez, je rentre en France.» C’était un peu osé pour une première sélection. Les autres m’ont critiqué mais je n’ai pas cédé et j’ai joué. Je peux témoigner que, comme il le dit dans la Bible, le Seigneur honore ceux qui lui rendent honneur. Oui, suite à cette prise de position, le Seigneur m’a élevé. J’ai été le meilleur sur le terrain pour ce premier match. Suite à la rencontre, j’ai même été retenu dans la sélection africaine des 18 joueurs de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations). Maintenant je suis le capitaine de cette équipe du Congo. Et les joueurs prient avant les matchs.

Un autre exemple: le nom de mon équipe nationale est "les Diables rouges", ce qui ne me plaît pas du tout. J’ai parlé au ministre et au président pour changer ce nom, et des églises congolaises me soutiennent et prient pour que ce nom soit changé. D’ailleurs, je crois que nous allons bientôt obtenir gain de cause. De façon générale, je refuse les compromis et les mensonges, quel que soit l’enjeu.
 
Est-ce difficile d’être chrétien engagé et de faire du sport à haut niveau?
 
Bien sûr, ce n’est pas évident. On est beaucoup exposé. Il y a par exemple les filles qui font l’assaut de votre chambre d’hôtel, l’esprit de compétition exacerbé, la gloire et la fierté amplifiées sous l’action des médias et des supporters. Pour résister, il faut vraiment avoir été appelé par Dieu pour réaliser une mission, comme Joseph qui a été appelé en Egypte. Ce n’était pas par hasard ou pour son épanouissement ou sa gloire, mais pour le bien du peuple d’Israël. C’est le Seigneur qui nous veut et qui nous établit à un poste précis.
 
Avez-vous des relations avec d’autres footballeurs chrétiens?
 
Oui, beaucoup parmi les joueurs du championnat français. En plus de ceux de mon équipe, je peux citer Jean-Marc Chanelet, qui a aussi dédicacé le livre, Claudio Caçapa, Eugène Kangulungu et bien d’autres.
Pour l’anecdote, au Gabon, il y a une équipe où les joueurs ont des surnoms du style "Jésus soit loué", "gloire a Dieu". Les journalistes utilisent ces surnoms quand ils commentent les matchs à la télé. Si bien que ça ressemble à une réunion d’évangélisation: «Jésus est vivant passe à Dieu est bon qui marque !...»
 
Quand on parle de joueurs de foot chrétiens, on cite souvent les Brésiliens qui prient sur le terrain publiquement, de façon un peu ostentatoire. Qu’en pensez-vous?
 
Pourquoi pas? Chacun vit sa foi et annonce l’Evangile comme il le sent. Quelles que soient la motivation et la sincérité des Brésiliens, je crois que Dieu se sert d’eux pour toucher des gens dans le monde entier. Ceci dit, je suis certain que plusieurs joueurs brésiliens sont des chrétiens engagés.
 
Dieu peut-il intervenir dans un match de foot?
 
Evidemment. Je ne sais pas si Dieu aime le foot, mais il aime l’homme quel que soit son métier et il le bénit dans son travail, surtout s’il peut manifester sa gloire. Je peux citer l’exemple d’Eugène Kangulungu. Il jouait à Pau et c’était le dernier match de la saison. Son équipe était reléguable et il fallait absolument gagner avec 2 buts d’avance pour ne pas descendre en division inférieure. Il a témoigné à son équipe que Dieu allait les aider et que l’équipe se maintiendrait. Pourtant, il était lui-même blessé et risquait de ne pas pouvoir jouer, et l’équipe adverse était en tête de la division. Il a amené toute son équipe à l’église, puis tous les membres de l’église ont assisté au match et ont prié dans les tribunes. Eugène a finalement pu jouer avec un bandage et, lui qui ne marquait jamais du fait de sa position d’arrière, a marqué les 2 buts indispensables pour éviter la descente. Ses 2 seuls de sa saison! A la fin du match, l’entraîneur lui a dit merci mais il a répondu: «non, remercie Jésus». Le lendemain, la presse locale titrait: miracle à Pau.
 
Est-ce légitime de prier pour gagner?
 
On doit prier pour que Dieu permette que l’on ait un bon témoignage. Dieu ne recherche pas la victoire sportive, il veut que l’on soit des modèles. L’an passé, à Amiens, j'ai peu joué. Les gens me disaient: «Tu parles toujours de ton Dieu, mais il ne t’aide pas beaucoup!» Puis j’ai été le premier de l’équipe à bénéficier d’un transfert, ce qui était inespéré. Maintenant que ça marche bien pour moi, ils sont étonnés et repensent à tout ce que je leur ai dit sur Dieu. Le Saint-Esprit leur rappelle mon témoignage et un jour ou l’autre, il vont se dire «il faut que j’essaie de m’accrocher à ce Dieu.» Cette saison à Lorient, nous faisons maintenant partie des 3 équipes de Ligue 2 qui peuvent monter en Ligue 1. J’ai prié pour cela. Je veux monter non pour jouer en L1, mais pour que Dieu soit glorifié et qu’il utilise encore plus mon témoignage.
 
Que penses-tu des montants exorbitants des transferts dans le foot?
 
Je me souviens du transfert de Zidane, j’avais été choqué par son montant. Quelle somme! Mais Dieu m’a montré que le prix du transfert de Zidane n’est rien à côté du prix de mon transfert. Il m’a racheté bien plus cher et transféré de l’équipe de la détresse à l’équipe de l’allégresse, avec Jésus pour capitaine, le Saint-Esprit comme entraîneur, Dieu le Père comme président, et les anges comme staff. Et dans cette équipe, on a toujours la victoire!



Publié dans Témoignages

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